Paire d’urnes néoclassiques en albâtre et scagliola polychrome, atelier florentin, dernier quart du XVIIIe siècle. Provenance : Ducs de Fitz-James et héritiers.
Cette rare paire d’urnes néoclassiques nous provient d’un héritage prestigieux, celui de la branche parisienne des ducs Fitz-James. Le titre de duc de Fitz-James apparaît pour la première fois en France sous Louis XIV, créé par le même roi en 1710 pour James FitzJames, 1er duc de Berwick, fils illégitime de Jacques II d’Angleterre. Jacques II d’Angleterre avait décerné à son fils, par son amante Arabella Churchill, le titre de duc de Berwick parmi la noblesse anglaise. Après la glorieuse révolution de 1688, qui détrôna Jacques II, Berwick se mit au service de Louis XIV qui le nomma maréchal de France en 1703. Son fils aîné est l’architecte de la branche espagnole des ducs de Berwick, qui sous le nom de Fitz-James Stuart, réunit aujourd’hui plusieurs grandeurs espagnoles, dont celle du duc d’Albe. Son plus jeune fils est l’architecte de la branche française des ducs de Fitz-James, qui s’est illustrée pendant sept générations, jusqu’à son extinction au milieu du XXe siècle.
Le patrimoine parisien de Fitz-James était constitué d’une impressionnante collection datant principalement de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle d’objets d’art, de miniatures, de « souvenirs », de portraits et de mémoires historiques. Nos vases étaient notamment jalousement gardés dans la bibliothèque.
Cette paire d’urnes a presque certainement été réalisée sur commande pour la famille Fitz-James, aucun autre exemplaire comparable ne pouvant être trouvé, et elles ont presque certainement été fabriquées par un atelier florentin à l’époque du Grand Tour : entre la fin du XVIIIe et le Au début du XIXe siècle, Rome et Florence étaient les principaux centres de production d’objets de valeur qui rappellent l’Antiquité, mais l’utilisation de matériaux tels que l’albâtre de Volterran et la scagliola ainsi que la forme des vases, qui s’inspire du modèles Étrusques, ne laissez aucun doute là-dessus.
L’albâtre de Volterra, le plus précieux d’Europe, avec sa couleur délicate et opalescente, presque transparente à la lumière, a été magistralement décoré selon la technique du scagliola, en gravant la surface puis en la remplissant de stuc et en la décorant en polychromie à l’imitation de la pierre dure. Les objets d’art comme ceux-ci sont très rares, il a fallu de grands maîtres d’atelier pour graver la surface courbe et fine du vase sans le casser.
Le résultat, que l’on peut encore admirer aujourd’hui, sont deux belles urnes aux couleurs douces, magnifiquement conservées. Le cours du temps a, il est vrai, laissé des traces : il y a quelques fils dus à des tensions sur la matière et des points où il a fallu intervenir en collant des pièces qui s’étaient détachées, mais ce sont des interventions de longue date qui n’ont pas nécessité aucune reconstruction ni repeinture et qui sont particulièrement visibles lors de l’exposition des vases à la lumière, car l’albâtre est translucide. Nous sommes confrontés à deux pièces pratiquement uniques qui nous sont parvenues après plus de deux siècles d’histoire, et nous devons savoir les apprécier telles qu’elles sont, sans chercher à cacher les blessures.
Mesures
H cm 38
L cm15
P cm 15